Idées reçues sur les écrans : on décrypte tout !
Face à la prolifération des écrans, certains s’inquiètent. Éduquer les enfants à leur usage fait partie des nouveaux défis parentaux à relever : ce challenge peut parfois faire peur. Nos chérubins sont confrontés aux tablettes, smartphones, ordinateurs ou encore à la télévision : structurer leur utilisation devient un impératif mais attention aux idées reçues sur les écrans. Beaucoup de controverses circulent : comment s’y retrouver ? Chez App-enfant, nous vous décryptons quelques-unes d’entre elles, afin de vous aider à y voir plus clair. C’est parti !
Le cerveau des enfants est modifié par les écrans / Controverse n°1
Les technologies numériques font partie du quotidien de nos petits. En grandissant, ils apprennent à s’en servir pour certains apprentissages et à nous, parents, de leur en montrer les limites et les risques. Le cerveau de nos enfants est-il similaire au nôtre suite à l’usage des écrans ou bien évolue-t-il différemment ?
Michel Serres et sa petite Poucette
En 2012, le philosophe Michel Serres s’interrogeait sur les modifications sociétales liées à l’utilisation des téléphones portables. Il évoquait avec ironie et étonnement tous ces jeunes pour qui le pouce était comme un stylo, se promenant habilement sur les écrans. C’était il y a dix ans !
Le philosophe mettait en évidence les “digital natives”soit les nouvelles générations, nées sous l’empire du numérique en expliquant que le rapport au monde de ces jeunes avait changé du fait de la rapidité de connexion. Malgré la tendresse qu’il leur portait, il expliquait qu’il fallait réagir et réinventer le monde à la lumière de ces changements. Il insistait entre autre sur les changements anthropologiques liés à cette utilisation des écrans :
- modification des capacités de la mémoire ;
- modification au niveau de l’organisation des savoirs.
Sa vision, plutôt optimiste, montrait la nécessité d’une adaptation à ces nouveaux usages pour que :
- la rupture générationnelle ne soit pas violente ;
- la transition se fasse en douceur et avec intelligence.
Depuis la publication de cet essai, les écrans se sont davantage infiltrés dans les maisons, les transports en commun, la rue : tous les espaces sont envahis.
Les changements cognitifs évoqués par Michel Serres sont-ils bien réels et sont-ils un danger pour nos enfants ?
Les modifications cérébrales : un leitmotiv depuis la préhistoire
Oui, c’est un fait : le cerveau de nos petits ne sera pas constitué de la même manière que le nôtre. Il évolue et s’adapte en fonction des stimulis sensoriels, et ce depuis la préhistoire.
Devons-nous rester optimistes ou nous alarmer ?
Pour le moment, il n’y a pas de consensus permettant de dire de manière certaine que l’utilisation des écrans à usage éducatif est dangereuse pour le cerveau. Néanmoins, une étude, publiée le 4 novembre 2019 dans une revue américaine, met en évidence plusieurs idées :
- le contenu visionné est essentiel ;
- l’accompagnement des parents modifie le rapport des enfants aux écrans ;
- le temps passé sur un smartphone ou une tablette doit être très limité et adapté en fonction des âges. En effet, le cortex cérébral diminue plus tôt que la normale si les plus jeunes passent beaucoup de temps devant des écrans.
La modération est donc de mise pour bénéficier des avantages de certains programmes éducatifs ou ludiques sans affecter les capacités cognitives de nos petits. Le respect des préconisations des pédiatres est essentiel.
Elena Pasquinelli : comprendre les écrans et savoir qui ils sont
Les tablettes, smartphones ou ordinateurs ne peuvent plus être évités au XXIème siècle : ils font partie intégrante du quotidien.
Chercheuse en science cognitive, Elena Pasquinelli est spécialiste des apprentissages et a publié le livre Comment utiliser les écrans en famille.
Elle nous explique qu’ils sont intéressants du point de vue pédagogique mais qu’ils ne remplaceront jamais un enseignant.
Vous vous demandez vous aussi s’ils sont bénéfiques ou néfastes ?
Elena Pasquinelli donne un élément de réponse : elle les compare à des gâteaux à la fin des repas. Ils sont en réalité une gourmandise à laquelle on a du mal à résister ! Ils ne doivent donc pas remplacer d’autres activités mais ils peuvent être utilisés, surtout si des règles sont définies auparavant.
Des études sont encore en cours pour déterminer les impacts réels des usages du numérique sur le cerveau.
Notre point de vue
Chez app-enfant, nous pensons que les programmes éducatifs permettent à chacun de s’enrichir de connaissances nouvelles. Beaucoup d’applis permettent aux enfants d’assouvir leur curiosité et d’apprendre de manière ludique. Mais, évidemment, l’usage de tous ces outils doit être modéré et ne jamais prendre la place de stimulations sensorielles liées à l’environnement.
Les jeux vidéo rendent violent / Controverse n°2
“Il passe trop de temps devant les jeux vidéo, voilà pourquoi il est si violent dans la cour de récréation !”
“Je crois qu’il passe ses journées à jouer aux jeux vidéos : comment ses parents peuvent-ils laisser faire ça ?”
“Regarde Paul : il fait une sacrée crise. Moi, je te dis que c’est parce qu’il vit dans un monde virtuel.” …
Toutes ces phrases ressemblent à celles entendues régulièrement devant le portail de l’école, à l’heure dite “des papas et des mamans” ! La brutalité de certains enfants fait beaucoup parler, parfois médire.
Peut-on réellement avancer de manière systématique que les jeux vidéo rendent violent ?
A quel âge mon enfant peut-il commencer à jouer aux jeux vidéo ?
Comme nous aimons le rappeler chez App-enfant, la supervision et l’accompagnement des parents restent essentiels. Jouer aux jeux vidéos ne peut pas être une activité adaptée pour un tout petit et ne doit pas être une occupation durant longtemps. Tout n’est, encore une fois, qu’une question de modération et de gestion des contenus.
Voici deux éléments essentiels à respecter.
- La classification PEGI : elle est utilisée dans 38 pays Européens et se base sur le contenu des jeux. Elle évalue la tranche d’âge autorisée en fontion de considérations basées sur des critères de violence implicite ou montrée, de pornographie, de discrimination, de peur… Tout est étudié : les images mais aussi les sons et les effets.
- Suivre les recommandations indiquant qu’il faut toujours accompagner les enfants jouant aux jeux vidéo avant 12 ans et par la suite, toujours respecter les logos de signalétique PEGI.
La pro de la psychologie du jeu vidéo : Vanessa Lalo
Répondre à la question “y a-t-il un lien entre un comportement agressif et les jeux vidéo” est complexe ! Voilà pourquoi nous vous présentons les réflexions d’une professionnelle des ados et de leur rapport au numérique : Vanessa Lalo.
Psychologue clinicienne, elle est spécialisée dans les impacts des écrans sur les jeunes utilisateurs.
L’un de ses articles nous a interpellés : son titre choc “Le jeu vidéo, un coupable idéal” fait réagir. Qu’en est-il vraiment ?
Vanessa Lalo explique qu’aujourd’hui, le”grand méchant” est trop facilement l’Autre. Or, les facteurs liés à la violence ne doivent pas se résumer à une seule source. Il s’agit de modérer ses propos et de prendre en considération tout l’environnement de l’enfant, sans faire de simplifications pratiques mais basées sur une analyse trop courte parce que la vérité nous échappe.
Ainsi, la vision de la psychologue prouve que l’éducation aux images est primordiale : elle permet de montrer la distinction entre monde virtuel et monde réel. Le regard ainsi que l’accompagnement des parents font la différence.
Nicolas Poirel, un homme tordant le cou aux fausses croyances
Les jeux vidéo rendent-ils les enfants agressifs ? Ce n’est pas prouvé comme l’annonce Nicolas Poirel, auteur de “Vos enfants devant les écrans : ne paniquez pas !” et professeur en psychologie. En effet, il n’existe aucune preuve scientifique de cette violence supposée inhérente aux écrans !
La remise en question, tout comme le fait Vanessa Lalo, porte sur la relation de cause à effet. Ce ne seraient pas forcément les jeux violents qui entraîneraient la violence chez l’enfant mais certainement un ensemble d’autres éléments à prendre en considération.
Notre point de vue
Nous comprenons les données scientifiques ne trouvant pas de lien de cause à effet entre les jeux violents et l’agressivité des jeunes. Pour autant, l’accès à certains jeux très prisés par les ados doit être très surveillé et surtout, respecter les logos PEGI. En effet, certaines images peuvent être choquantes, voire traumatisantes, même si l’enfant comprend la différence entre monde virtuel et monde réel.
Continuons à protéger nos jeunes en adaptant les autorisations d’accès à certains contenus : l’âge de chacun ainsi que le niveau de maturité prévalent sur la mode des cours de récréation.
Les écrans entraînent des troubles des apprentissages / controverse n°3
Voilà une idée reçue bien ancrée. Encore une fois, il faut modérer ce point de vue : les troubles des apprentissages apparaissent souvent lorsque l’entourage de l’enfant ne communique pas avec lui sur ce qu’il voit et entend.
Aussi, ne diabolisons pas l’usage des tablettes ou des smartphones : il s’agit surtout de les utiliser en bonne intelligence et d’en faire des outils servant le développement intellectuel de chaque enfant. Les applications éducatives sont bien souvent un support très pertinent pour acquérir ou ancrer des connaissances ou pour accroître ses compétences.
Ainsi, en accompagnant les plus jeunes dans leur usage des écrans, il est possible de travailler sur :
- le lexique ;
- la culture générale ;
- l’imagination ;
- les compétences langagières ;
- les compétences scientifiques…
D’ailleurs, un grand nombre d’orthophonistes ou de professionnels de l’enfance utilisent ces outils dans le cadre de leurs consultations.
On ne le rappellera jamais assez : bien utilisés, les écrans ne sont pas nocifs. Ils peuvent même devenir des alliés. Adopter la bonne posture et accompagner restent les deux actes clef pour utiliser tablettes, ordinateurs et smartphones sans que la guerre ne soit déclarée à la maison ! Disons stop aux idées reçues : les écrans peuvent devenir nos amis !
Commentaires